Architectures Vernaculaires d'Ariège

Analyse et description

  1. Une ou Des architectures?
  2. Quelle architecture?
  3. Organisation de l'habitat
  4. Caractères
  5. Adaptation climatique
  6. Transformations et pollutions

Adaptation climatique de l'habitat vernaculaire d'ariège

Pour se protéger des rigueurs du climat, l'ariègeois des siècles passés n'avait que les matériaux qui l'entouraient et son ingéniosité. Le climat était plus contrasté qu'aujourd'hui, avec des hivers plus rudes, et des hauteurs de neige plus importantes. Mais l'homme aussi était plus rude et résistant.

La recherche du soleil
La première de ses préoccupations a été la recherche du soleil, de sites bien ensoleillés où installer sa demeure et cultiver la terre. Et l'Ariège est pour cela aseez généreuse.
Avec la première élévation des prépyrénées étendue d'Est en Ouest, et des massifs plus hauts mais isolés de la chaine, elle possède nombre de flancs Sud bien exposés, les soulanes principales. Premiers sites d'installation permanente, ces soulanes sont habitées depuis l'antiquité alors que la basse Ariège, couverte de forêts, était quasi déserte.
Dans des sites à priori moins favorables, la multitude de rivières et ruisseaux a creusé des vallées dont les méandres dégagent des terroirs Sud-Est à Sud-Ouest plus exigüs et occupés plus tardivement.
Et même les flancs Nord des massifs possèdent des ondulations et buttes secondaires offrant des expositions Sud favorables à l'installation humaine.

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Partie de soulane du Plantaurel

La maison ariégeoise est donc remarquable par sa recherche du soleil


Rares sont les petits groupements ou bâtiments isolés où l'exposition n'est pas des plus favorables. Ils résultent de la pression démographique du XIXe siècle avec la transformation de granges en habitat ou la recherche de nouvelles terres pour la subsistance. En dehors des villages où les apports des voies de communication deviennent priorité. Et encore s'installent-ils en fond de vallée au confluent de ruisseaux, profitant ainsi de percées dans les montagnes.
Même en basse ariège au climat moins rude l'habitat s'implante de préférence au sommet dégagé des buttes .


Cette préoccupation solaire, présente dans toutes les régions d'Ariège, a été guidée par la nécessité énergétique et alimentaire, mais également par une forte conscience cosmique. Elle se retrouve dans la toponimie: nombreux sont en Ariège les villages et lieu-dits contenant la racine soul (le soleil)- Souleilhe, Soula, Soulan, Soulère,..-

La protection du vent

Sauf vers les sommets, dans les cols ou quelques vallées esposées, les sites de montagne sont assez abrités des vents froids et pluvieux. Seul se ressent le vent de Sud à effet de foehn qui assèche le sol et fait fondre la neige.
Il n'en est pas de même en basse ariège plus ouverte ni dans les prépyrénées qui reçoivent les vents de l'atlantique et le vent d'autan méditerranéen.
Dans les zones de plaines, côteaux et basses montagnes les habitations s'étendent en longueur pour offrir moins de prise au vent et se protègent en s'entourant de végétation, de bâtiments agricoles, ou en abaissant une toiture face au vent porteur de pluie.


Une ferme dans les côteaux de basse ariège,
sous les ruines d'un moulin à vent

 

Une petite ferme dans la plaine

granges

Ces granges à foin du piémont pyrénéen, ouvertes à l'Est et au Sud, indiquent les directions où la pluie n'est pas à craindre

L'organisation des espaces

L'espace réservé à l'habitat est plutôt faible, avec un confort minimum: une pièce commune, la cuisine salle à manger, une ou deux chambres à l'étage (si étage), un grenier au-dessus. Quelques appentis accolés au bâtiment ou séparés pour les petits animaux, la réserve de bois de chauffage....

Les façades

En Ariège, une seule façade contient toutes les portes et fenêtres des différentes pièces, la façade bien exposée, autant pour les maisons en longueur de basse ariège que pour l'habitat en hauteur des zones montagneuses. Les ouvertures sont assez petites pour ne pas laisser entrer le froid, ce qui donne une ambiance interne assez sombre. En soulane où les journées ensoleillées sont clémentes, même en hiver, la porte restait fréquemment ouverte pour contribuer à l'éclairage.
Enfin les balcons, espaces solaires privilégiés, servaient au séchage de quelques produits et étaient le lieu de maintes activités. Et ceux qui avançaient sur la façade procuraient un abri et maintenaient à l'ombre, l'été, les vitrages de la pièce principale du rez de chaussée.

 

L'isolation

Les matériaux de la maison -pierres, terre..- ne procuraient pas une bonne isolation thermique malgré leur épaisseur. Comme dans bien d'autres contrées, assise sur le sol et construite en matériaux lourds, la maison d'ariège joue sur son inertie, ses températures internes ne subissant pas de grosses variations. Si elle reste fraîche en été, elle est aussi froide en hiver.
Dans certaines régions les espaces annexes entourant le coeur de la maison servaient d'isolation pour l'espace de vie.
Ainsi l'étage habité de la maison du pays de Foix, avec les animaux au-dessous, le grenier au-dessus, le foin à l'arrière et des voisins sur les côtés n'expose-t-il qu'une seule face sur l'extérieur.

Le chauffage

Enfin on peut parler de la cheminée.
L'ariégeois n'a pas développé des techniques de chauffage comme on peut en rencontrer dans d'autres pays plus nordiques, faute de moyens ou parce que la climat n'était pas jugé en définitive comme très rude. Seule la pièce principale est équipée d'une cheminée à bois, avec parfois un four à pain. La cheminée servait surtout à cuire les aliments, accessoirement à chauffer les personnes rassemblées autour. Rien n'était prévu pour les autres espaces.

Dans les temps anciens cette pièce servait aussi pour la nuit, ou la famille se regroupait dans une seule chambre.Les nuitées les plus froides, des braises du foyer étaient placées sous les draps dans un récipient, le "moine", et permettaient de se coucher dans un lit moins glacé.

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